SEA Index® Ateliers Octobre 2025

Monaco, 14 OCTOBRE 2025

Nous sommes heureux de vous partager les principales conclusions collectives issues de votre récent atelier SEA Index au YCM.
Nos échanges précieux, guidés par vos contributions et structurés autour de la matrice Faisabilité vs. Urgence, ont permis d’identifier clairement les priorités pour faire évoluer le SEA Index et vos actions d’un indicateur environnemental vers un levier financier et opérationnel incontournable. Ce rapport résume le consensus sur les actions les plus urgentes et réalisables pour stimuler l’évolution du marché en matière de valorisation des actifs, de politique portuaire et de retour sur investissement des refits.

I. Analyse du rapport : Table ronde 1 – Cadre Ports et Marinas

La discussion de la table ronde 1 s’est concentrée sur l’exploration du cadre juridique et opérationnel permettant aux ports et marinas d’offrir un traitement préférentiel aux yachts ayant un faible impact environnemental et certifiés SEA Index. Les résultats, positionnés sur la matrice Faisabilité vs. Urgence, définissent clairement le consensus du secteur sur les actions immédiates à entreprendre et les défis à long terme.

A. Le « Sweet Spot » : Forte faisabilité & forte urgence

Six idées se regroupent dans le quadrant supérieur droit, représentant les leviers les plus puissants pour une action immédiate. Ces résultats montrent une nette préférence pour des mécanismes s’appuyant sur les infrastructures existantes et les politiques opérationnelles, plutôt que sur une manipulation des prix.

Idées post-it placées sur l’axe Implication & Lien avec le SEA Index :

  • Priorité d’amarrage pour les yachts certifiés SEA Index
    Cela valide directement l’objectif principal de la table. Jugée très faisable car il s’agit d’une décision de politique opérationnelle (clause de départage) et non d’une réglementation tarifaire complexe. C’est le mécanisme préférentiel le plus direct.
  • Branchement obligatoire au réseau électrique à quai: Considéré comme une mesure urgente et faisable en matière d’infrastructure. C’est une action directe de réduction des émissions de CO₂.
  • Intégration de la gestion des déchets dans la tarification: La gestion des déchets est perçue comme un service portuaire essentiel et plutôt contrôlable. Intégrer la structure tarifaire en fonction de la performance environnementale du yacht (et de la complexité des déchets) est un changement de politique jugé faisable.
  • Infrastructures portuaires adaptées aux yachts à faible impact: Soutient le branchement électrique obligatoire, mais élargit le champ aux installations techniques au-delà de l’électricité (ex. : points modernes de traitement des eaux grises/noires). Jugé faisable car aligné avec les plans de modernisation.
  • Politique adaptée à l’usage et à la consommation d’eau: L’application d’un mécanisme équivalent à un « bonus/malus » (récompensant la faible consommation) est perçue comme une politique possible à mettre en œuvre, ayant un impact immédiat sur les comportements opérationnels. Elle s’appuie sur le système de facturation existant pour induire le changement.
  • Surtaxe appliquée au yacht en cas de pollution: L’appeler « surtaxe » plutôt qu’« amende » lui donne une connotation réglementaire moins punitive, s’intégrant mieux dans les cadres de responsabilité commerciale existants. C’est un mécanisme essentiel d’internalisation des risques et des coûts.

Synthèse des priorités

Les participants ont donné la priorité aux politiques qui imposent les meilleures pratiques opérationnelles et qui relient directement le SEA Index à des privilèges opérationnels.

B. Le « Difficile mais Nécessaire » : Moins faisable & plus urgent

Un seul élément se trouve dans le quadrant inférieur droit, mais ses implications sont significatives.

  • Imposer un seuil minimum SEA Index pour tous les bateaux entrant dans les ports et marinas. Bien que jugée très urgente (car elle entraînerait un changement massif de la flotte), cette mesure est considérée comme moins faisable en raison du fort obstacle réglementaire qu’elle représente. Elle nécessiterait un consensus politique large et coordonné entre de nombreuses juridictions, ce qui est difficile à obtenir rapidement. Il s’agit de l’objectif ultime, mais pas de la première étape.

C. Les « Défis à Long Terme » : Moins faisable & moins urgent.

Le quadrant inférieur gauche identifie des enjeux qui, bien que pertinents, sont actuellement trop complexes ou politiquement sensibles à mettre en œuvre.

  • Réduction des tarifs d’amarrage pour les yachts certifiés SEA Index: Les participants ont justement noté que si cela peut fonctionner dans des ports privés ou semi-privés (comme ceux de Monaco), cela devient très difficile dans les ports publics. Les contraintes juridiques, la responsabilité publique et les lois sur la tarification uniforme rendent les remises directes sur les émissions de CO₂ moins faisables que l’application d’une exemption de surtaxe (comme évoqué dans la solution n°1 du briefing).
  • Choix politiques. Cela constitue une reconnaissance essentielle : un changement significatif et durable nécessite un engagement réglementaire fort (top-down). Toutefois, comme le changement politique est souvent lent, les participants ont estimé à juste titre qu’il était moins faisable ou urgent de s’y concentrer dans le cadre de cet atelier. La tâche actuelle consiste à construire une feuille de route autour de ce processus politique lent.
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Conclusion et recommandations pour la table ronde 1 – Cadre Ports et Marinas

Les résultats indiquent que la feuille de route la plus efficace pour les Ports et Marinas en lien avec le SEA Index repose sur des mandats opérationnels et un accès prioritaire, plutôt que sur de simples réductions tarifaires.

Les Ports et Marinas devraient prioriser l’élaboration de directives claires et immédiatement applicables, basées sur le groupe d’actions prioritaires :

  1. Développer une clause modèle de « départage » fondée sur la certification SEA Index.
  2. Créer un langage de politique modèle rendant obligatoire le raccordement à l’alimentation électrique à quai.
  3. Produire un cadre tarifaire CO₂ simplifié intégrant la gestion des déchets et un système de bonus/malus sur la consommation d’eau.

II. Analyse du rapport : Table ronde 2 – Chantiers de refit & SEA Index : mesurer les progrès

La discussion de la table ronde 2 s’est concentrée sur la création de méthodes concrètes et axées sur la valeur permettant aux chantiers de refit de tirer parti du SEA Index et d’autres pratiques de réduction environnementale. Les participants ont efficacement priorisé les idées qui font évoluer la réflexion de la conformité environnementale vers le retour sur investissement (ROI) financier et l’efficacité diagnostique.

A. Le « Sweet Spot » : Forte faisabilité & forte urgence

Deux idées clés se situent dans le quadrant supérieur droit, montrant un consensus sur les actions immédiates les plus efficaces pour stimuler l’investissement dans le refit. Les deux privilégient des incitations financières quantifiables et des outils pré-refit.

  • Investir dans l’avenir avec des réductions d’assurance, un accès prioritaire aux ports et une meilleure valeur de revente pour les yachts à faible impact environnemental.
    Cela valide fortement que les incitations monétaires (assurance réduite, revente améliorée) sont les principaux moteurs pour inciter les propriétaires à entreprendre un refit écologique. Les participants demandent que le SEA Index intègre ces avantages dans une proposition de valeur claire et unifiée. Cela confirme le lien entre les résultats de la table 2 (preuve du refit) et le thème de la table 3 (valeur de l’actif).
  • Création d’une plateforme d’estimation de faisabilité conçue par les chantiers de refit. Cela répond au besoin de transparence et de confiance en amont. Les chantiers sont considérés comme les agents idéaux pour concevoir un outil qui cartographie les coûts et les économies à long terme pour les propriétaires. Cet outil utiliserait le score SEA Index « avant refit » du yacht pour calculer le ROI des mesures de refit spécifiques.

Synthèse des priorités

La stratégie la plus urgente et faisable consiste à monétiser la certification SEA Index et à équiper les chantiers de refit d’un outil de diagnostic transparent et économique avant tout travail physique.

B. Le « Défi central » : Consensus structurel

Une idée ambitieuse a été placée au centre de l’axe, suggérant qu’elle n’est ni simple ni impossible, mais qu’elle représente un besoin structurel fondamental.

  • Chaque yacht devrait avoir accès à un système de suivi global de sa consommation énergétique totale, ajustable selon la présence ou non des propriétaires à bord. Cela met en lumière une lacune majeure en matière de données. Bien que le SEA Index calcule l’intensité énergétique à partir des données de conception, l’industrie aspire à un système de reporting CO₂ dynamique et en temps réel, tenant compte des variables opérationnelles (comme l’absence du propriétaire). Il s’agit d’un objectif à forte valeur ajoutée à long terme, nécessitant des investissements importants et une standardisation à l’échelle mondiale. Son positionnement central reflète son fort attrait mais aussi sa complexité de mise en œuvre.

C. La « Pierre Fondatrice » : Forte faisabilité pour le diagnostic

Une idée essentielle a été placée en haut de l’axe de faisabilité, confirmant l’étape pratique initiale du processus de refit.

  • La possibilité d’identifier, pour chaque yacht entrant dans un chantier de refit, les points faibles en matière d’impact environnemental. C’est perçu comme un service de diagnostic pré-refit hautement faisable et essentiel. Avant de créer une plateforme d’optimisation des coûts, le chantier doit savoir ce qui doit être amélioré. Le cadre du SEA Index devrait être utilisé pour fournir un audit environnemental simple et rapide, identifiant les systèmes les plus émetteurs de CO₂ (ex. : éclairage obsolète, HVAC inefficace). C’est une mesure à forte faisabilité qui apporte immédiatement de la valeur à la discussion entre le chantier et le propriétaire.

Conclusion et recommandations pour la table ronde 2 – Chantiers de refit & SEA Index : mesurer les progrès
Les résultats de la table 2 offrent une stratégie claire en deux volets pour mobiliser les chantiers de refit :

1.Prioriser les outils financiers: Concentrer immédiatement les efforts sur la structuration et la communication des retours monétaires associés à un refit certifié (assurance, revente, accès prioritaire).

2. Développer un plan de diagnostic: Créer un audit/plan de refit standardisé basé sur le SEA Index, permettant aux chantiers de refit d’identifier rapidement et de manière crédible les points faibles environnementaux d’un yacht, puis de générer une estimation garantie du ROI pour le propriétaire. Cela rend le processus de refit transparent et financièrement attractif.

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III. Analyse du rapport : Table ronde 3 – Le ROI caché : protéger la valeur de votre actif

La discussion de la table ronde 3, destinée aux propriétaires et capitaines, a confirmé que la durabilité est principalement perçue à travers le prisme de la sécurité financière et de la réduction des risques (le ROI caché). Les données issues des post-its révèlent un mandat clair : se concentrer sur les données opérationnelles de consommation de carburant et sur l’anticipation réglementaire comme propositions de valeur urgentes et faisables.

A. Le « Sweet Spot » : Forte faisabilité & forte urgence

Les participants ont priorisé les avantages opérationnels et commerciaux directs, validant l’orientation vers le ROI et l’efficacité.

Idées prioritaires – Implication & lien avec le SEA Index :

  • Traiter la consommation de carburant du yacht. C’est la préoccupation opérationnelle la plus urgente et faisable. Le coût direct du carburant est la dépense variable la plus importante pour un propriétaire. Exploiter les données du SEA Index (ou les données opérationnelles sous-jacentes) pour certifier une consommation inférieure à la moyenne constitue immédiatement un argument financier fort lors de la revente.
  • Assurer que le yacht est « future proof » en le rendant adaptable aux réglementations futures. Cela répond directement à la réduction des risques et à la protection de l’actif. Les propriétaires veulent s’assurer que leur bien, valant plusieurs millions d’euros, ne deviendra pas obsolète ou soumis à des taxes/restrictions importantes dans 5 à 10 ans. Le SEA Index agit comme un « certificat d’anticipation réglementaire » vérifiable, soutenant une valorisation premium.

Synthèse des priorités

Les deux priorités principales sont étroitement liées : Réduire le risque lié au coût du carburant Réduire le risque réglementaire et de revente (anticipation)

B. Les « Leviers opérationnels et commerciaux » : Consensus sur la faisabilité

Trois idées se regroupent juste en dessous du quadrant haute urgence, représentant des outils marketing pratiques et faisables à mettre en œuvre rapidement.

  • Promouvoir la consommation des moteurs principaux et auxiliaires. Cela renforce la thématique de la consommation de carburant, en soulignant la nécessité de valoriser les deux types de moteurs. Faisable car les données sont déjà capturées dans la certification SEA Index. Cela crée un argument financier crédible et détaillé pour un acheteur potentiel.
  • Comparer les coûts de maintenance des moteurs auxiliaires et principaux. C’est un point ROI pratique et spécifique. Une faible intensité CO₂ implique souvent des systèmes plus récents, mieux entretenus ou plus efficaces, réduisant les coûts de maintenance imprévus. Cela déplace l’attention du carburant (OPEX) vers la fiabilité des systèmes (impact CAPEX).
  • Pouvoir promouvoir les amarrages prioritaires dans les hotspots du yachting pour les meilleurs yachts. Cela valide les travaux de la table 1. Les participants voient clairement le privilège opérationnel (amarrage prioritaire) obtenu via le SEA Index comme un argument commercial précieux pour un yacht en courtage.
  • Pouvoir valoriser les yachts certifiés SEA Index. Cela agit comme une confirmation globale que la certification elle-même est un atout commercial. La valeur collective de tous les bénéfices (anticipation réglementaire, consommation de carburant, amarrage prioritaire) devrait être simplement présentée comme « l’Avantage SEA Index ».

C. Le « Contexte de courtage » : un enjeu critique mais variable

Deux idées ont été placées au centre, en lien direct avec le processus de courtage, ce qui indique qu’elles sont considérées comme critiques mais fortement dépendantes des circonstances de la vente.

  • Exploiter les bonnes pratiques des capitaines en matière de maintenance pour les yachts en courtage.
    Cette idée est jugée plus réalisable que celle concernant les possibilités de refit ci-dessous. Les courtiers peuvent facilement rassembler des preuves de normes élevées de maintenance (journaux de bord, historiques d’entretien). Relier cela au SEA Index suggère que les propriétaires peuvent formaliser les efforts de leur capitaine comme faisant partie de la valeur marchande du navire.
  • Exploiter les possibilités de refit pour les yachts en courtage. 
    Cette idée est considérée comme plus difficile ou moins urgente que la précédente. Bien que proposer un « potentiel de refit » soit utile, cela introduit une incertitude pour l’acheteur (coût, délai). Les vendeurs/courtiers préfèrent se concentrer sur la valeur actuelle, prouvée, plutôt que sur des dépenses futures. Cela renvoie au besoin de garanties solides de retour sur investissement évoqué dans le tableau 2.

D. La « Vision à Long Terme » : Moins faisable & Moins urgente

L’idée la moins bien classée pointe vers un objectif ambitieux à long terme.

  • Accès aux zones marines protégées (ZMP) via la certification SEA Index.
    Bien que très souhaitable pour le prestige et les opportunités de navigation, l’accès aux ZMP implique une gouvernance internationale complexe et lente. Les participants considèrent à juste titre cette mesure comme peu faisable et peu urgente à mettre en œuvre immédiatement, même si elle représente une incitation majeure à long terme.

Conclusion et recommandations pour la table ronde 3 – Le ROI caché : protéger la valeur de votre actif

Les résultats offrent une feuille de route claire pour structurer l’argumentaire commercial autour de trois piliers :

  • Performance énergétique : Centrer le discours sur l’efficacité énergétique certifiée du navire et ses coûts d’exploitation réduits.
  • Sécurité de l’actif : Mettre en avant l’anticipation réglementaire comme garantie contre les risques futurs, soutenant ainsi une valeur de revente premium.
  • Privilège opérationnel : Regrouper les bénéfices issus de la table 1 et les données de maintenance du capitaine pour démontrer que le yacht est un actif clé en main à forte valeur.
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Nous tenons à vous remercier toutes et tous d’avoir consacré du temps à la réalisation de notre première série d’ateliers interactifs SEA Index. Nous pensons avoir atteint notre objectif initial, qui était de recueillir vos différents points de vue sur les défis et opportunités auxquels le secteur des superyachts est confronté lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des plans de durabilité concrets.

Notre ambition est d’utiliser les enseignements ci-dessous comme outil de référence pour continuer à progresser et mesurer les avancées. Bien entendu, nous vous tiendrons informés des formats à venir, de la suite à donner et nous vous invitons à revenir vers nous avec vos commentaires sur le contenu ci-dessus.

Nous espérons que vous avez pris autant de plaisir que nous, et avons hâte de vous retrouver très bientôt !
Avec nos salutations les plus sincères,

L’équipe SEA Index, Superyacht Eco Association

Clause de Non-Responsabilité:

Le présent rapport synthétise l’ensemble des idées, opinions et discussions générées lors de l’Atelier du SEA Index, Superyacht Eco Association du14 octobre 2025. Ces conclusions sont destinées uniquement à des fins d’information et à orienter la planification stratégique future du SEA Index, Superyacht Eco Association.

La participation de tout individu ou organisation à cet atelier, ainsi que son contenu, ne constituent en aucun cas un document, un engagement ou une obligation légalement contraignante pour tout participant, entité, port ou chantier naval d’adopter, de mettre en œuvre ou d’adhérer aux idées ou aux propositions qui y sont discutées.

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